Traverser les Alpes à vélo, c’est un rêve qui paraît inaccessible à la plupart d’entre nous. La véloroute entre Munich et Venise est le moyen le plus simple de traverser à vélo les magnifiques paysages des Alpes du nord au sud jusqu’à la mer Adriatique. L’aventure s’étale sur environ 600 km entre l’Allemagne et l’Italie en passant par l’Autriche.

L’idée nous paraissait complètement folle au départ ! Mais en préparant l’itinéraire de notre tour d’Europe, notre grande mini-baroudeuse rêvait de Venise. Alors l’idée d’ y arriver à vélo par des pistes cyclables et des voies vertes sur d’anciennes voies de chemin de fer en passant par les mythiques Dolomites a conquis toute la famille.

Nous avons donc parcouru au mois de mai avec nos deux enfants de 8 et 10 ans plus de 400 km à vélo entre Innsbruck, dans le Tyrol autrichien, et Venise. Ces trois semaines sont certainement un de nos plus beaux souvenirs du voyage et l’une des plus belles voies cyclables d’Europe.

Innsbruck-Venise en résumé

L’itinéraire en quelques mots

Environ 400km entre Autriche et Italie

Des Alpes à la lagune de Venise dans la mer Baltique

Caractéristiques de la véloroute Innsbruck-Venise

Voies cyclables : voies vertes, chemins, pistes cyclables, voies partagées sur routes secondaires avec quelques portions passantes

Revêtements : graviers et chemins de terre par endroits, nécessitant un vélo adapté (VTC ou VTT)

Difficulté : pas de difficulté technique, du dénivelé, il est préférable d’avoir déjà pratiqué le vélo en itinérance sur quelques jours avant de se lancer

La Munich-Venise en quatre parties

Carte de la véloroute Munich-Venise

Carte de la véloroute Munich-Venise

  • En Allemagne de Munich au lac de Achensee en Bavière
  • En Autriche dans le Tyrol avec la ravissante ville d’Innsbruck entourée de belles montagnes et ses villages folkloriques
  • En Italie dans le Haut-Adige entouré des majestueux pics des Dolomites
  • En Italie, dans la Vénétie à partir du lac de Santa Croce jusqu’à la mer Adriatique et la sublime Venise

La véloroute Munich-Venise est-elle difficile ?

L’itinéraire n’est pas considéré comme très difficile. Bien sûr il y a du dénivelé (estimé sur le site officiel à 5000 m de dénivelé +), mais le col principal (col de Brenner entre l’Autriche et l’Italie) peut être traversé facilement en train (c’est d’ailleurs ce que fait la majorité des voyageurs pour éviter la route). Ce n’est pas un itinéraire pour un premier voyage à vélo, mais si vous êtes un peu sportif, si vous voyagez léger, si vous adaptez la longueur des étapes ou si vous optez pour un vélo avec assistance électrique c’est tout à fait accessible.

Il y a de nombreuses montées, mais aussi de belles descentes pour récupérer.

Si vous débutez le voyage à vélo, mieux vaut se tourner vers de beaux itinéraires plus faciles en France comme la Vélodyssée ou à l’étranger comme l’Eurovélo6 le long du Danube. Avec des enfants, pour profiter au mieux de la véloroute Munich-Venise, l’idéal est de ne plus avoir trop à tracter ses enfants. Notre grande de 10 ans n’a eu besoin d’un coup de pouce grâce à notre élastique de traction, qu’une ou deux fois sur de courtes portions lors de longues montées difficiles. Ces moments ont été de loin les plus éprouvants pour Nico ! Quant à la plus jeune, elle a nécessité plus d’aide, surtout dans la partie vallonnée des Dolomites avant Dobbiaco. Heureusement, l’assistance électrique a sauvé Aude.

Nous ne savions pas trop à quoi nous attendre. Nous n’avions pas trouvé de retour d’expérience en famille et c’était le début de la partie à vélo dans notre tour d’Europe. Avec des étapes courtes de 15 à 35 km, surtout dans la partie montagneuse (parfois dénivelé à plus de 500 ou 600 m par jour) et des jours de pause, nous avons trouvé que ça se faisait plutôt bien. Nous ne faisons pas partie de ceux qui pensent que si vous faites moins de 40 km par jour, le voyage à vélo ne vaut pas la peine. Voyager lentement et profiter de ce qui nous entoure sans avoir les fesses sur sa selle, c’est bien aussi !

Quel vélo pour faire la véloroute Munich-Venise ?

Le revêtement de la véloroute est varié avec des passages sur graviers et chemin de terre qui nécessitent au minimum un VTC.

Quand partir pour faire Munich-Venise à vélo ? Et combien de temps ?

La meilleure période pour voyager sur la Munich-Venise à vélo se situe entre fin mai et septembre. Les mois de juin et septembre semblent pour nous l’idéal pour un compromis entre la météo et l’affluence touristique, notamment en termes d’hébergement et de tarifs.

Nous y étions en mai et c’était encore un peu juste au niveau climat d’autant que 2024 était une année comment dire… très pluvieuse ! Certaines parties montent en altitude à 1400-1500m d’altitude et il peut faire encore très frais en mai. Nous avons même eu un peu de neige dans les Dolomites. Il est néanmoins possible de s’adapter et nous avons fait beaucoup moins de nuit en tentes que prévu. L’avantage hors saison c’est que l’on peut trouver des hébergements en dure un peu au dernier moment.

Avec des enfants scolarisés, c’est souvent difficile de partir plusieurs semaines en dehors de l’été. L’itinéraire nous a tellement plu qu’on serait prêt à y retourner même l’été quitte à moins profiter de Venise.

Il faut compter de 10 jours à 4 semaines pour parcourir la Munich-Venise. Il est possible de rester plusieurs jours vers Cortina d’Ampezzo pour randonner dans les Dolomites et de poser ses sacoches plusieurs jours à Innsbruck, à Trévise et à Venise.

Comment rejoindre l’itinéraire Munich-Venise en train avec les vélos ?

Rejoindre Munich ou Innsbruck et revenir de Venise en train avec les vélos n’est pas la partie la plus simple et agréable du voyage. Bien prendre en compte ce temps de « transfert » dans la préparation de votre voyage, car il vous faudra, selon d’où vous partez, prendre plusieurs trains.

Pendant notre tour d’Europe, nous avons pris 17 trains avec nos vélos entre mars et août 2024 et pourtant on n’a toujours pas la solution ou la recette miracle pour que ce soit une partie de plaisir !

Pour résumer, tous les trains n’acceptent pas les vélos s’ils ne sont pas non démontés et rangés dans une housse. C’est le cas globalement des trains à grande vitesse. Certains trains qui acceptent les vélos non démontés sont soumis à des places limitées pour les vélos (très limités même). Globalement, très peu de trains acceptent les remorques, tandem ou autre vélo « spécial ».

Pour rejoindre Innsbruck depuis Lyon, nous avons pris trois trains :

  • un TER de Lyon à Genève
  • puis un autre train jusqu’à Zurich en passant par Lausanne avec la compagnie suisse SBB
  • puis un autre train de Zurich à Innsbruck avec la compagnie autrichienne OBB.
Où chercher les trains acceptant les vélos ?
Actuellement, le site le mieux fait pour rechercher son itinéraire ferroviaire avec son vélo est le site de la Deutsh Bahn (il est disponible en français). On peut rechercher des itinéraires en trains acceptant les vélos en visualisant clairement les correspondances, les horaires, les compagnies et si le transport des vélos est soumis à réservation.

Après ce périple, nous conseillons de réserver directement les trains sur le site ou l’application des compagnies de train. Cela permet d’avoir les conditions de transport des vélos et de réserver son train si besoin, d’acheter ses billets, de les avoir sur son téléphone et d’obtenir les informations de dernière minute (quai, retard…).

Après Venise, nous avons continué notre route vers la Slovénie. Mais en passant par Milan, Zurich ou Mulhouse, Genève ou Paris… il est possible de rentrer chez soi en train avec son vélo !

Il existe deux gares à Venise : la gare de Venezia-Mestre qui se trouve en face de Venise sur le continent et l’autre sur l’île de Venise, la gare Venezia Santa Lucia. Les vélos sont interdits sur l’île de Venise, mais la gare de Santa Lucia est accessible à vélo (il faut juste porter les vélo pour passer le pont de la Constitution).

Petite astuce A-contresens
Sur l’itinéraire que l’on a fait entre Innsbruck et Venise, il est possible de raccourcir ou d’éviter une étape en prenant des trains régionaux (sauf entre Dobbiaco et Longarone).

Sur le planificateur A-contresens, il est possible d’afficher le réseau ferroviaire en transparence de son itinéraire pour trouver les gares et voies ferrées sur les itinéraires cyclables.

Où dormir sur la Munich-Venise entre Innsbruck et Venise ?

Il est facile de trouver un hébergement (hôtel, chambre d’hôte, appartement, camping…) sur le parcours, mais le budget est globalement élevé. Selon la saison et l’endroit, il est vivement conseillé de réserver en avance, car certaines zones sont très touristiques et les hébergements dans le Tyrol (entre Innsbruck et le lac de Santa Croce) sont très chers. À quatre, la nuit de camping en tente nous coûtait entre 50 et 70 euros et quand nous logions en dure entre 150-200 euros.

Où réserver son hébergement en itinérance à vélo ?
Habituellement, nous réservons nos hébergements le plus possible en direct, mais pendant notre tour d’Europe, Booking nous a simplifié la vie. Booking rend vraiment service pour un voyage en itinérance : la recherche est facile et rapide et l’annulation permet d’être libre et de changer de plan même à la dernière minute.

À noter que le programme de fidélité Genius permet parfois d’avoir jusqu’à 15% de réduction sur une sélection d’hébergements adhérant au programme.

Notre conseil organisation voyage: Quelque soit le site où l’on réserve, nous saisissons nos réservations d’hébergement sur le planificateur pour avoir toutes les informations au même endroit (contacts, date d’annulation, heure d’arrivée…) !

En mai, la météo n’a pas été très favorable dans les Dolomites et nous avons finalement dormi plus de nuit en dure qu’en tente. Comme nous faisions de petites étapes et que nous savions que la météo risquait d’être limite, nous avions défini nos étapes en fonction des offres d’hébergement disponibles (camping, hôtel, chambre d’hôte…) et réservions ou annulions en fonction de la météo.

Notre itinéraire à vélo entre Innsbruck et Venise :

Malgré la météo mitigée, nous avons adoré ce périple. La culture du sud Tyrol et son ambiance singulière sont étonnantes et folkloriques. Les décors sont mignons, on y mange bien, l’eau de source coule du robinet et la nature est omniprésente.

Nous avons fait 12 étapes à vélos pour 20 jours en tout entre Innsbruck et Venise.

Nous conseillons vraiment à tous ceux qui n’ont pas la possibilité de faire de longues étapes, ou qui n’ont pas trop l’habitude de l’itinérance à vélo, de préparer leur itinéraire sur la Munich-Venise. Nous nous aidons beaucoup de notre planificateur et l’avons d’ailleurs amélioré au fur et à mesure du voyage pour qu’il soit encore plus adapté aux besoins des cyclovoyageurs.

Sur la carte de son itinéraire, on peut superposer les voies vélos et même le réseau ferroviaire. Il est possible de voir facilement les kilométrages des étapes et leur profil de dénivelé. Nous notons également pour certaines étapes des idées de visites ou des pistes pour dormir…

Innsbruck – 3 jours

La capitale du Tyrol en Autriche nous a beaucoup plu. Avec son emplacement privilégié au bord de l’Inn et au cœur des montagnes, elle est à la fois apaisante et impressionnante. Le centre historique est un beau mélange d’ancien et de moderne. La vue depuis le beffroi est vraiment belle. D’en haut, nous contemplons les montagnes alentour, mais aussi sur le Petit Toit d’or et la rue piétonne animée en contre bas. Déjà un petit air d’Italie avec les immeubles colorés, les façades baroques… pas étonnant, car le col de Brenner qui sépare les deux pays, n’est qu’à une trentaine de kilomètres.

À Innsbruck les montagnes ne sont qu’à quelques arrêts de funiculaire. Il y a vraiment de quoi se balader et même visiter. En saison, il est même possible de voir les entrainements de saut à ski en haut du tremplin de Bergisel.

❤️ Le monde du cristal de Swarovski à Wattens à 30 minutes en bus d’Innsbruck (acheter un billet en ligne)

Nous n’avions pas prémédité cette visite, mais le temps brumeux et pluvieux nous a fait chercher une escapade à l’abri. Et quelle surprise ! Nous avons passé une journée dans cet endroit indescriptible où les salles ressemblent à des expositions d’art contemporain pour tous les âges, mettant en éveil nos cinq sens dans une ambiance un peu méditative. Les mini-baroudeuses ont eu des papillons dans les yeux toute la journée et le jardin ravissant avec son « Carroussel revisité » est tout aussi enthousiasmant.

✨ À partir de 2 nuits à Innsbruck les transports en commun sont gratuits avec la Welcom Card (pas le funiculaire).

D’Innsbruck à Vipiteno (Sterzing) : 38 km de train – 23 km à vélo

Notre conseil pour traverser le col de Brenner
La partie d’Innsbruck au col de Brenner (1370 m d’altitude) est généralement évitée par les cyclotouristes pour éviter les 40 km de rude montée sur une route passante avec de nombreux camions.

Le train entre Innsbruck et le col de Brenner est fantastique : il y en a toutes les heures voire plus. Il dure 40 minutes et l’accès au train est très facile. Il suffit de faire rouler son vélo sans avoir à détacher ses sacoches dans une des voitures prenant les vélos. Renseignement sur le site de la compagnie de train autrichien OBB. Nous avons acheté le billet de train + les billets pour les vélos directement à la gare. Nous avons payé 22 € pour nous quatre avec les vélos.

De l’autre côté du col, nous voilà dans le Tyrol du Sud (ou Haut-Adige), une région autonome d’Italie où la grande majorité des habitants sont germanophones. On ne vous raconte pas le méli-mélo entre l’allemand (on n’en a jamais fait à l’école et l’on en était juste à bonjour, au revoir, merci et quelques chiffres), l’anglais (qui nous sauve quand on veut vraiment dire quelque chose), l’italien (on est quand même en Italie !) et l’espagnol qui sort spontanément contre notre gré après avoir passé deux mois en Espagne. Les localités sont d’ailleurs nommées dans les deux langues, Allemand et Italien. Heureusement, la langue universelle ça reste le sourire, n’est-ce pas ?!

À partir du col, nous rejoignons rapidement la voie verte qui serpente entre les sapins sur fond de sommets enneigés. L’étape est descendante, mais les quelques petites montées sur la deuxième partie nous réchauffent agréablement. L’arrivée dans la jolie petite localité de Vipiteno, la ville la plus au nord de l’Italie est très agréable.

✨ S’il faut déjà motiver les troupes, il a les bretzels et la piscine Balnéum dans la zone commerciale tout près du centre-ville à Vipiteno.

De Vipiteno à Rio De Pusteria (Muhlbach) – 30 km

Les paysages sont de plus en plus beaux entre forêts, cascades, moyennes montagnes et la voie verte qui serpente dans la vallée di Pusteria (Pustertal en allemand). Il y a déjà pas mal de petites grimpettes, mais les descentes encore plus nombreuses nous donnent de l’élan.

🛏️ Nous arrivons dans une toute petite ville où nous logeons dans l’ancien château transformé en hôtel plutôt confortable, mais quelque peu dans son jus ! Chambre familiale pour 4 avec petit-déjeuner copieux, plutôt bon marché dans les parages.

✨ Café et glaces sur la place du village de Rio De Pusteria, resto et pizzerias à deux pas dans de grands chalets tyroliens.

De Rio De Pusteria à San Lorenzo di Sabato (à 2 km de Brunico) – 22 km

La vallée de Pusteria est verdoyante et nous longeons la rivière. L’étape est vallonnée avec des montées un peu plus longues sur la fin.

⛺ Nous avons adoré le camping familial bucolique Ansitz Wildberg qui se trouve juste en face du petit village et de l’église. La piscine est ravissante et l’espace sanitaire est exceptionnel (on a l’impression de se doucher à la maison).

De San Lorenzo di Sabato à Dobbiaco (Toblach) – 30 km

Pour nous, c’est l’étape la plus difficile de l’itinéraire avec beaucoup de montées. Mais ça restera également l’une des plus belles. Nous traversons des villages pittoresques dominés par les clochers des églises anciennes. Les couleurs sont magnifiques, du vert sapin au bleu turquoise des torrents de montagnes et du lac de Valdoora. La fin de l’étape est éprouvante pour nous, heureusement les pics des Dolomites en ligne de mire nous attirent comme un aimant.

⛺ Nous nous arrêtons au camping Olympia entre Vilabassa et Dobbiaco. Le village de Vilabassa est très joli et pratique pour se ravitailler le long de la véloroute. Si possible mieux vaut poursuivre son chemin pour dormir au camping Toblacher See au calme au bord du lac de Dobbiaco (Toblach). Le coin est cher, mais l’endroit est splendide. Le lac est baignable même si l’eau est très fraiche l’été, paraît-il.

De Dobbiaco à Cortina d’Ampezzo – 33 km

L’étape monte tranquillement sur une petite vingtaine de kilomètres jusqu’au col de Cimabanche (1530 m d’altitude) sous le regard impressionnant des 3 cimes de Lavaredo des Dolomites. Ce massif des Alpes italiennes contient 18 sommets à plus de 3000 mètres d’altitude.

Les graviers ralentissent la progression, mais nous arrivons doucement sans que les mini-baroudeuses n’aient besoin d’un coup de pouce. Après le col, nous quittons officiellement le sud Tyrol pour passer en Vénétie et débutons la magnifique descente vers Cortina d’Ampezzo. La véloroute s’appelle maintenant la Lunga via delle Dolomiti. Le temps se dégrade franchement et il fait froid, mais les paysages mystérieux entre montagnes, lacs et ruisseaux nous émerveillent.

🛏️ Nous avons coupé cette étape en deux en dormant une nuit dans la résidence Ploner avec piscine intérieure où nous avons passé la fin de l’après-midi. Mais finalement, nous n’avons pas trouvé l’ascension au col si difficile que ça. Nous aurions pu faire l’étape sur une seule journée d’autant que la deuxième partie est en descente et avance vite.

Il pleut et les températures sont très fraiches sans le soleil autour de 5°. Nous décidons de dormir en dur et non au camping Rocchetta juste après le village au bord de la véloroute comme nous l’avions initialement imaginé.

S’il fait beau et si vous aimez la randonnée, n’hésitez pas à faire une pause quelques jours dans cette station de ski un peu huppée, mais aussi un peu déserte hors saison.

De Cortina-D’Empezzo à Pieve Di Cadore – 30 km

C’est toujours sous un temps humide que nous continuons la traversée des Dolomites. Il y a un côté mystérieux lorsque l’on aperçoit un bout de montagne à travers les nuages et que l’on imagine les autres tout autour de nous. Les quelques éclaircies rechargent nos batteries pour quelques heures et nous donnent envie de revenir même si les paysages sont déjà éblouissants dans ces conditions.

La véloroute descend progressivement la vallée di Cadore sur une ancienne voie de chemin de fer qui surplombe les villages. Il y a encore des montées pour ne pas s’ennuyer, mais nos mini-baroudeuses sont impressionnantes d’énergie.

🛏️ Nous arrivons sous une pluie battante et dormons dans une chambre d’hôte confortable et plutôt abordable pour l’endroit : le Stue à Pieve Di Cadore. Le village détient plusieurs petits restaurants, une sandwicherie et des commerces pour faire ses courses.

De Pieve Di Cadore à Longarone – 26 km

Le soleil matinal nous met l’eau à la bouche, mais nous remettons vite nos pantalons de pluie. Nous roulons aujourd’hui essentiellement sur routes partagées, mais trouvons que les automobilistes prennent soin de notre convoi familial. Beaucoup de descentes sur l’étape, mais les quelques montées et faux plats commencent à bien se faire sentir sur nos jambes. La vallée est magnifique et nous arrivons tôt avant l’orage pour manger sur le pouce et déguster une délicieuse glace à la pistache malgré la pluie.

Nous posons nos sacoches dans un appartement au centre-ville de Longarone pour une après-midi au sec pour jouer et faire un peu d’écoles.

❤️ Les glaciers du centre-ville de Longarone

De Longarone au Lac de Santa Croce – 22 km

Cette étape aurait pu se faire dans la même journée que celle d’avant. Après une transition de moins d’un kilomètre sur une route très passante dans Longarone, nous rejoignons une piste cyclable le long de la rivière. La transition pour descendre de la montagne se poursuit et nous rejoignons les champs et fermes de l’Alpago en Vénitie. Un petit passage sur sentier boueux amuse les filles même si c’est moins confortable pour nous avec les grosses sacoches.

Une cantine à la ferme nous fait de l’œil et décidons de nous arrêter et de reléguer notre salade au repas du soir ! Nous nous régalons de plats traditionnels de la gastronomie de Vénitie : canard et polenta, pappardelles sauce ragu (sorte de larges tagliatelles) dans une ambiance simple et conviviale.

La végétation et le climat ont changé progressivement. Nous passons dans des pinèdes de pins et l’arrivée au lac de Santa Croce en ce week-end ensoleillé a un petit air de vacances au milieu des promeneurs et des amateurs de kitesurf.

Nous posons notre tente pour deux nuits au bord du joli lac de Santa Croce. Entre les pique-niques sur la plage et les belotes à l’abri des rares averses, nous traversons le village de Farra d’Alpago, entourés des décorations roses du tour d’Italie, pour rejoindre le petit glacier des habitués.

Du Lac de Santa Croce à Conegliano – 37 km

Le début de l’étape longe magnifiquement le lac et nous fait prendre de la hauteur. Petit à petit, les montagnes disparaissent. La traversée de Vittorio Veneto marque le début des villes historiques de la Vénitie.

Puis, le passage très vallonné en traversant les vignobles du Prosecco nous donne du fil à retordre. Certaines côtes à plus de 10 %, la chaleur humide et la circulation des routes partagées empruntées pompent notre énergie, mais nous arrivons au charmant centre historique de Conegliano soulagés et heureux. Les palais renaissance, les fresques et les terrasses sont dépaysants tout en étant à l’écart des circuits touristiques. Les gourmands se régaleront dans les délicieux glaciers ou dans les bons restaurants.

De Conegliano à Trévise – 50 km à vélo ou 27 km en train

Une météo orageuse et une étape qui ne semblait pas très palpitante nous ont convaincus de faire un petit saut de puce en train pour arriver plus tôt à Trévise et avoir le temps de visiter la ville.

Malgré un seul train à prendre, ce ne fut pas de tout repos si on prend en compte les escaliers de la gare et le contrôleur tatillon sur le rangement des vélos dans le train. Il a absolument voulu que l’on monte nos vélos dans la « zone vélo » sur une estrade ! Mais ceci nous a permis de rejoindre en 1h (20 min de train) la destination du jour !

Le centre historique de Trévise est un ravissant mélange de moderne et d’ancien avec des monuments romains byzantins, médiévaux et de la renaissance. Ces bâtiments se situent harmonieusement au milieu d’immeubles et de constructions récentes. En effet, 80 % des bâtiments de la ville ont été détruits par un bombardement à fin de la Seconde Guerre mondiale. Le tour de Trévise n’est pas long, mais il est très agréable de se balader dans au milieu des canaux, des jolies boutiques et des cafés.

Compte tenu des orages, nous avons dormi une nouvelle fois en dure à deux pas du centre. Cela nous a permis de visiter Trévise et de déguster dans un café-salon de thé, le fameux Tiramisu qui aurait été inventé ici pour les uns, à Trieste pour les autres !

Pour planter la tente, il y a un camping dans une ferme de kiwi à Spressiano à environ 10 km au nord de Trévise :  https://www.terrebio.net/

De Trévise à Venise (Plaza de Roma ou Tronchetto) – 60 km

L’étape est plate et paisible. La première partie se fait sur le chemin de halage de la rivière Sile. Ce fleuve, dont l’ex-embouchure se jetait dans la lagune de Venise, jouait un rôle commercial important. En témoigne un cimetière de grosses embarcations en bois qui gisent au fond de l’eau ou encore les tours médiévales imposantes des villages en bordure. La végétation est luxuriante et le chant des oiseaux nous berce en pédalant.

Nous faisons un détour (+10km A/R) pour couper l’étape et passer la nuit à Casa Del Sul dans l’agriturismo Porcaloca où nous nous régalons de produits locaux et maison (table d’hôte seulement certains soirs).

Sur la deuxième partie de l’étape, on pédale sur de petites routes secondaires très peu fréquentées entre champs et lotissements, puis sur des pistes cyclables jusqu’à Mestre (en face de Venise).

Le centre est joli, la gare Venezia Mestre est facilement accessible. Il est possible de s’arrêter ici et de trouver un logement sur place puis d’aller sur Venise en tram-train jusqu’à la gare Venezia Santa Lucia sur l’île.

Alors que nous avions réservé un camping sur le continent à Fusina (pensant que les vélos étaient complètement interdits sur l’île de Venise), une rencontre sur la route nous fait changer nos plans et nous décidons d’aller camper sur le Lido de Venise, accessible avec nos vélos en ferry N°17 depuis le port de Tronchetto (à l’entrée de l’île de Venise).

Il y a un peu moins de 10 km entre Mestre et l’île de Venise en passant par le pont de la Liberté. Ce n’est pas la partie la plus glamour entre les voies de bus, le train et les voitures, mais la piste cyclable est complètement sécurisée.

Que faire de son vélo arrivé à Venise ?
Une fois à l’entrée de l’île de Venise, les cyclistes ont deux possibilités, car les vélos sont interdits sur l’île au-delà de ces points d’accès :
  • La Piazzale Roma : laisser son vélo dans le parking Bici Park Venizia pour 10 euros pour 24h par vélo.
  • Le port de Tronchetto : prendre le ferry avec son vélo pour le Lido de Venise où les vélos peuvent circuler.
  • La gare de Santa Lucia est accessible à vélo : il faut juste porter les vélos pour passer le pont de la Constitution.

La traversée de la lagune de Venise au coucher du soleil pour clôturer la dernière étape de cette aventure de 400 km à vélo entre Innsbruck et Venise restera inoubliable.

Venise – 5 jours

Venise est vraiment magnifique et passionnante.

Un peu hésitant face à la saturation touristique de Venise, il aurait été tellement dommage de ne pas découvrir cette merveille naturelle, urbaine et culturelle après autant de kilomètres à vélo pour y parvenir. Alors, nous avons décidé une nouvelle fois de prendre le temps et de passer par les chemins de traverse dans cette ville merveilleuse qui n’est pas tout à fait encore qu’un musée, et qui nous l’espérons ne le sera jamais.

Nous nous sommes bien accueillis par les Vénitiens. Arriver à vélo, rester plus de 3 jours, et donner la priorité aux habitants est un vrai passeport d’entrée !

Au final, nous avons passé un séjour à Venise au-delà de nos attentes entre histoire, folklore et vraie vie.

Alors voici nos coups de cœur à Venise :

  • Découvrir l’histoire de Venise la Sérénissime et visiter les passages secrets du Palais des Doges (visite guidée) ❤️
  • Se perdre dans les petites ruelles à la recherche des palais moins connus abritant les expositions d’art contemporain de la Biennale de Venise (entrée libre) ❤️
  • La place Saint Marc et la basilique byzantine, témoin de l’histoire d’une ville entre orient et occident, en fin de journée quand il n’y a plus les foules
  • Changer de point de vue et découvrir en kayak au niveau de l’eau les maisons, les palais et la vie vénitienne des petits canaux de Cannareggio ❤️
  • Lever la tête et découvrir des fresques extraordinaires mêmes dans les petites églises
  • Rentrer par curiosité dans la Scuela Grande de Carmini et ressortir plus d’une heure plus tard après un concert de Vivaldi ❤️
  • La magie d’un jour de pluie : Fabriquer nos masques en famille dans un atelier traditionnel et les redécouvrir 3 mois plus tard à la fin de notre tour d’Europe dans le colis arrivé chez nous ❤️
  • Les dédales de l’île de Murano en début de matinée qui nous embarque entre la fiction des souvenirs d’un album qu’on adore « Le souffleur de rêves » et la réalité d’une ville presque comme les autres avec des parcs pour enfants et des écoles.
  • Les fontaines de Venise : il y en a partout pour remplir sa gourde et ainsi limiter les déchets. L’eau est potable même si elle n’a pas le goût de l’eau du Tyrol !
  • L’île du Lido, où nous avons campé, en long et en large à vélo : il nous aurait fallu rester encore un jour mais d’autres aventures nous attendaient !
Les transports en commun à Venise
Il est possible de faire beaucoup à pied sur Venise, mais selon où vous loger les vaporettos peuvent être indispensables. Nous avons apprécié les billets 3 et 7 jours de transports en commun sur mer et terre. Ils sont pratiques et permettent de réduire la note.

Les transports sont gratuits pour les moins de 6 ans. Pour les plus de 6 ans, il y a des réductions avec la carte Rolling Venise à faire au guichet.

Où dormir à Venise quand on est cyclovoyageur ?

À Mestre : Pendant notre tour d’Europe à vélo nous avons réservé en avance quelques hébergements dans les villes touristiques surtout sur les périodes d’affluence, pour avoir le choix de maitriser notre budget. En temps normal, nous essayons autant que possible de réserver en direct nos hébergements, mais il faut bien avouer que Booking nous a vraiment simplifié la gestion des annulations gratuites pour rester modulable.

Sur le Lido (di Venizia) (accessible à vélo avec le Ferry N°17 qui se prend au port de Tronchetto à l’entrée de l’île de Venise) : Camper à Venise c’est possible au camping San Nicolo sur le Lido en face de l’île principale de Venise (15 min à pieds entre le camping et le ferry puis 15 min de ferry jusqu’à San Marco ou je ne plus). Le petit camping est vraiment chouette pour les cyclovoyageurs, il y a une grande tente pour se mettre à l’abri avec un frigo à disposition. Fin mai, c’était calme, il y avait moins de 10 tentes de cyclovoyageurs et 3-4 campervans ou camping-cars. La note est un peu salée, c’est Venise !

Quel budget prévoir pour un voyage à vélo entre Innsbruck-Venise ?

Voyager à vélo entre Innsbruck et Venise n’est pas ce qu’on pourrait appeler une destination bon marché. Les hébergements sont particulièrement coûteux, que ce soit dans le Tyrol autrichien ou à Venise. Même les campings affichent des tarifs élevés, et ils ne sont pas toujours bien répartis le long de l’itinéraire. Si vous voyagez en famille et que vous avancez à un rythme tranquille, il peut être difficile de dormir exclusivement sous la tente.

Sur le plan alimentaire, la qualité est au rendez-vous. On mange bien, mais attention aux frais de couverts dans les restaurants italiens : ils peuvent vite faire grimper l’addition. Et si vous avez un faible pour les glaces (ou simplement besoin de réconfort après l’effort), pensez à prévoir un petit budget dédié. Même si vous n’êtes pas très glace, ne repartez pas sans avoir goûté au moins une boule à la pistache sicilienne… un vrai régal !

Les trains sur l’itinéraire sont, quant à eux, assez abordables. Dans le Tyrol du Sud, ils sont même inclus dans la taxe touristique. Les trains régionaux pour arriver ou repartir de l’itinéraire, qui acceptent généralement les vélos, restent raisonnables en termes de coût… sauf si vous devez passer par la Suisse. Dans ce cas, pensez bien à réserver (et payer) votre place vélo, sous peine de vous retrouver avec une amende — ça sent le vécu !

Pour ce voyage de 25 jours (dont 4 nuits à Innsbruck et 5 nuits à Venise), nous avons dépensé 5200 €, soit environ 240 € par jour pour 4 personnes. Si l’on retire les 5 nuits passées à Venise – avec des activités assez onéreuses comme le kayak dans les canaux (310€) ou la décoration de masques (250€) – ainsi que les 4 nuits à Innsbruck, le budget journalier pour la portion Innsbruck-Venise tombe à environ 210 € pour 4 personnes.

Nous aurions pu réduire davantage ce budget si la météo nous avait permis de camper plus souvent. Sur ces 24 nuits de voyage, nous n’avons dormi que 8 fois sous la tente, dont 5 à Venise. La pluie nous a souvent poussés à louer des appartements ou des chambres d’hôtes en cours de route, ce qui a naturellement fait grimper le budget.

Budget Innsbruck-Venise à vélo (statistiques fournis par le Planificateur)

Budget Innsbruck-Venise à vélo (statistiques fournis par le Planificateur)

Heureusement, nous avons suivi toutes nos dépenses sur le Planificateur, ce qui nous a permis d’avoir une vision claire de nos postes de dépenses. Résultat : l’hébergement représente, de loin, le poste le plus conséquent de ce voyage.

Comme toujours, chaque voyage est unique et selon ses envies et ses besoins il est possible de jouer sur le confort des hébergements, le nombre de restaurants et la période de voyage pour s’adapter à son budget.

Si vous êtes à la recherche d’un autre témoignage sur cet itinéraire, nous vous recommandons vivement de consulter l’article de Laurène, de Carnet d’Escapade. Elle a parcouru la totalité de l’itinéraire de Munich à Venise durant l’été et partage son expérience.

Malgré les dépenses et le temps mitigé, Innsbruck-Venise à vélo est merveilleux et restera le coup de cœur de notre tour d’Europe.

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