On nous avait dit que la Birmanie ne ressemblait à aucun autre pays mais nous ne pensions pas qu’après plus d’un mois et demi en Asie du sud-est, le dépaysement serait aussi grand.
La première chose qui nous a marqué en arrivant en Birmanie (via l’aéroport de Yangon) ce sont les routes, au revêtement désastreux avec de nombreux trous, où circulent toutes sortes de véhicules dont les pick-up généralement bondés mais jamais pleins selon les chauffeurs, et les trishaws sorte de sidecar sur une bicyclette.
Tout le monde roule à droite mais cela n’a pas toujours été le cas. En 1970, le gouvernement militaire a instauré du jour au lendemain la conduite à droite alors que les voitures roulaient à gauche depuis la colonisation britannique. Ainsi, seulement quelques véhicules, les plus récents, ont leur volant à gauche, mais dans la plupart des bus, pick-up et taxis, le chauffeur est encore à droite !
Sur le sol, les multiples tâches rouges font penser à du sang, mais ce sont des crachats colorés par le bétel, sorte de drogue aux vertues revigorantes. Pouvant engendrer un sentiment dégoutant, on y prend vite l’habitude même si il est difficile de n’y prêter aucune attention. Et finalement, ce petit réflexe qui nous fait nous retourner quand on entend un charmant raclement de gorge, permet de se décaler de la trajectoire si besoin !
La tenue vestimentaire est probablement la deuxième chose qui nous a sauté aux yeux puisque les hommes portent le longyi (sorte de longue jupe portefeuille). Nulle part ailleurs dans le sud-est asiatique, nous n’avons vu autant de vêtements traditionnels même si aujourd’hui, en Birmanie, certains jeunes citadins adoptent aussi le style occidental avec le couple jean-baskets. Les visages des birmans, encore étonnés de nous voir là, surtout à pieds à flâner dans les rues, sont recouverts d’un enduit beige, le thanaka qui est de l’écorce de tamarin broyée et mélangée avec un peu d’eau, servant de maquillage et de protection solaire.
Comme partout, il est difficile d’effectuer ses premiers pas sans argent. Mais voilà qu’en Birmanie les choses se compliquent légèrement puisqu’il n’y a aucun distributeur dans le pays, et que le change se fait contre des dollars principalement (des euros dans certain endroit), qu’il faut avoir emmenés avec soi à condition qu’ils soient parfaitement neufs. Jusque là, rien d’insurmontable, il nous a juste fallu retirer trois fois le plafond dans un distributeur à l’aéroport de Bangkok et échanger les baths obtenus en dollars au bureau de change. Mais les choses se corsent car en Birmanie le taux de change officiel fixé par le gouvernement est souvent bien moins avantageux que le taux pratiqué au marché au noir et que c’est à Yangon qu’il est de loin le plus intéressant. Nous avons eu du mal à s’imaginer confier à un inconnu dans la rue notre budget de trois semaines de voyage, ce qui représente environ ce que gagne en 6 mois une grande partie de la population, pour récupérer plus d’une centaine de billets de 1000 et 5000 kyats. Il est plus sûr d’échanger dans les hôtels et bureaux de change et nous nous sommes rendu compte qu’ils pratiquent selon les jours et heures de la journée des taux très compétitifs. Pour couronner le tout, il existe un système de double monnaie : les hôtels et les entrées des sites se payent en US dollars, alors que la nourriture, les transports et les achats se règlent en kiats. Une fois les kiats en poche, on peut enfin aller se ravitailler dans les gargottes de rues et les maisons de thé.
Très rapidement, nous avons pris conscience de l’importance de la religion bouddhiste pour le peuple birman en croisant de nombreux moines (il y en aurait plus de 500 000 dans le pays) et en visitant, au milieu des birmans venus prier et faire des offrandes, quelques uns des innombrables sanctuaires et pagodes d’une beauté étincelante. A Yangon, se trouve l’édifice religieux le plus emblématique de la Birmanie : la pagode Shwedagon. Eblouissante de jour comme de nuit avec son dôme haut de 100 mètres, recouvert de 60 tonnes d’or et orné de pierres précieuses, l’ambiance devient féérique au coucher du soleil. Ce lieu est vraiment fascinant et il est particulièrement agréable de s’en imprégner et d’y flâner en observant le temps qui passe.
Non ignorant de l’histoire contemporaine de ce peuple opprimé, nous nous sommes vite rendu compte que la situation progressait lentement, lorsque très étonnés nous sommes tombé nez à nez avec un stand prônant la liberté et affichant le portrait de Aung San Suu Kyi, leadeur emblématique du NLD (Ligue pour la démocratie) avec son père Aung San élut en 1947 et assassiné par les opposants six mois plus tard.
Dès Yangon, nous avons constaté que malgré l’isolement du pays, un accès à Internet très limité et des médias censurés, le peuple birman est remarquablement bien informé du monde extérieur (grâce aux chaines satellites notamment) et apprécie le contact avec les étrangers. Il est habituel d’être sollicité par des « Comment ça va ? », « Où tu vas ? », « D’où tu viens ? ».
Enfin, près à quitter la ville, en réservant notre billet de bus d’un téléphone que l’on trouve à tous les coins de rue, pour partir à la découverte de ce pays fascinant extrêmement rural, nous avons appris que même le déroulement d’une journée diffère en Birmanie et que le pays s’éveille à 4-5 h du matin, heure à laquelle les bus de nuit arrivent en général à destination !
3 Comments
Merci pour cet article très complet qui donne pas mal d’astuce et une idée de ce à quoi s’attendre ! Je n’ai pas encore pris le temps de lire tous les articles sur la Birmanie et peut être en parlez-vous ailleurs mais je constate que vous avez pu mettre à jour votre blog assez souvent. Est-ce que l’internet se démocratise ou avez vous rusé ?
Merci par avance pour la réponse !
Oula Internet en Birmanie c’était encore pire qu’en Australie. Il n’y a qu’à Bagan que l’on avait trouvé une connexion qui nous permette de lire nos mails (et peut être publier un article ou une newsletter, je ne me rappel plus). Sinon, nous n’avions pas publié d’article pendant que nous étions en Birmanie mais ca fait du bien aussi de faire une pause de technologie ! 😉
Ah ! Ok ! Comme les dates se suivaient dans les posts, j’ai cru que ça avait été fait en Birmanie, ce qui m’étonnait un peu comme je n’arrête pas de lire que l’internet est quasi inaccessible là bas. Je suis bien d’accord avec toi quant à la pause technologique. Ça permet aussi de revenir à l’essentiel 🙂