Pour faire suite à notre article « Mariage heureux au Japon entre traditions et modernité », et puisque nous avons eu l’occasion lors de notre voyage au Japon d’assister à l’un des trois plus grand festival du Japon, voici quelques précisions sur la fête de l’arrivée du printemps le Sanno Matsuri (qui se déroule chaque année le 14 et 15 avril) à Takayama.
Encore sous l’emprise de l’émerveillement des cerisiers en fleurs et suite aux conseils d’un couple de Japonais rencontrés à Kyoto lors d’une soirée mémorable, nous avions fait le choix de faire une halte à Takayama (appelée aussi parfois Hida-Takayama) avant de rejoindre Tokyo. Nous ne savions pas trop à quoi nous attendre mais la concomitance avec la tenue d’un festival traditionnel japonais très populaire stimulait notre curiosité. C’était aussi l’occasion de découvrir ce que certains appellent le « cœur du Japon ».
Takayama est située à environ 250 km de Kyoto et est accessible en train ou en bus. Comme nous n’avions pas acheté le JR Pass, nous nous y étions rendu en bus au départ de la gare de Kyoto avec la compagnie Nohi bus (pour 4650 Yens par personne soit environ 40 euros en avril 2012). A noter que le réseau de bus est très peu mis en avant dans le pays (nous avons bien du chercher 1 heure le bureau où nous pouvions acheter les billets) mais c’est souvent le moyen le plus économique de se déplacer au Japon. Profitons-en pour expliquer notre choix de ne pas nous munir du JR Pass. En effet, nous ne souhaitions pas visiter le Japon au pas de course et en deux semaines nous avions choisi de découvrir le pays et sa culture si singulière à travers 2 ou 3 de ses villes principales et donc n’avions pas beaucoup de déplacement à faire. Takayama se situait donc sur notre route, au prix d’un détour raisonnable entre Kyoto et Tokyo.
Ancienne capitale de la province de Hida, au pied des Alpes japonaises, à 580 mètres d’altitude, Takayama est habitée aujourd’hui par 100 000 habitants et est restée très traditionnelle. La ville fut dirigée pendant plus de trois siècles par une famille de samouraïs et du fait de son grand isolement dans les montagnes, de nombreuses traditions ont perdurées. La ville était réputée dans l’antiquité pour la renommée de ses charpentiers qui auraient contribué à la construction de Nara et Kyôto. D’après l’histoire, les charpentiers de la ville de Takayama ont participé à la construction de nombreux édifices du pays car la ville ne bénéficiait pas d’un climat favorable à la production du riz et le gouvernement japonais exigeait en remplacement de l’impôt sur le riz de l’époque, une contribution des artisans de la villes pour partager leur connaissance sur des chantiers majeurs du pays (comme le célèbre temple impériale de Kyoto).
C’est aussi une des villes du Japon à n’avoir pas été bombardée lors de la seconde guerre mondiale. Elle a ainsi pu conserver intactes ses anciennes maisons traditionnelles de bois et de papiers et de nombreux temples bouddhistes et sanctuaires shintoïstes.
Nous avons donc eu la chance d’assister au Takayama Matsuri no Yatai Gyoji, un défilé de chars qui a lieu deux fois par an pour annoncer l’arrivée du printemps (le Sanno Matsuri, le 14 et 15 avril) et l’arrivée de l’automne (le Yahata Matsuri, le 9 et 10 octobre). Ces festivals s’étalent sur deux jours. Le premier jour, les chars sont exposés dans leur sanctuaire (chaque quartier de la ville possède son char et l’entretient) et les badauds peuvent venir leur rendre hommage tout en profitant des spectacles de marionnettes (Karakuris en japonais). Les marionnettes sont manipulées par en dessous grâce à un ingénieux système de fils et mettent en scènes des grandes légendes japonaises ou bien encore des improvisations sous les regards ébahis de centaines de japonais s’étant déplacés pour l’occasion du festival. Il ne faut pas moins de 8 personnes pour faire se mouvoir une marionnette manipulée par dessous et seulement trois des chars en possèdent. La majorité des chars datent du XVIIème siècle et sont finement décorés de feuilles d’or, laque sur bois, et autres gravures.
Au printemps le festival est centré sur le sanctuaire Hie, connu également sous le nom de sanctuaire Sanno et rend hommage au dieu indigène de Takayama en lui demandant de leur accorder une bonne récolte. Celui d’automne est centré sur le sanctuaire de Hachiman et rend hommage au dieu tutélaire de la ville. Le soir du premier jour du festival les chars (11 des 23 chars de la ville, à tour de rôle pour les préserver) sont éclairés d’une centaine de lanternes et sont accompagnés par des danses de dragon pour une procession qui traverse toute la ville et dure jusqu’à tard dans la soirée au milieu d’une foule immense.
Pour les voyageurs, n’ayant pas la chance d’être présent lors de l’un des festivals, il est possible d’admirer quelques un des chars au musée Takayama Yatai Kaikan.
La ville est totalement submergée de japonais venus des quatre coins du pays à l’occasion de ce festival. Nous souhaitions vivre pendant notre séjour au Japon, une nuit en ryokan (hébergement traditionnel) et Takayama semblait être le lieu idéal pour cela. Cependant, lors de cet événement nous avions eu beaucoup de mal à trouver une chambre de libre. D’après tous les témoignages de voyageurs et de locaux, on ne peut pas visiter le Japon en manquant cet incontournable du raffinement japonais. Notre avis est plus mitigé mais notre choix était limité et le ryokan où nous avons séjourné pas génial (nous racontons notre expérience dans notre article sur les hébergements au Japon).
En dehors de cet intéressant festival qui nous a rappelé la Semana Santa de Séville, il est possible de s’occuper pendant plusieurs jours dans cette jolie petite ville japonaise. Sans être exhaustif voici une petite liste des lieux que nous avons eu le plaisir de découvrir. La visite du quartier Sanmachi nous a plongé au cœur du Japon des Shoguns ancestraux. Les ruelles de ce quartier abritent des distilleries de Saké et de très anciennes demeures de marchands telle la Kusakabe Mingei-kan, une maison de marchand restaurée, datant de 1879, à visiter absolument. Nous avons également fait une ballade au village folklorique de Hida, un musée en plein air où sont exposées une trentaine de maisons traditionnelles au toit de chaumes préservées. Certaines de ces demeures sont classées patrimoine culturel national et elles ont été déplacé dans ce parc pour recréer l’ancien visage de Hida. Elles abritent des objets de la vie quotidienne et racontent la vie des villages de montagne japonais. Bien qu’un peu trop « touriste » à notre gout cette reconstitution est intéressante pour l’aspect architecture et historique et pour ceux qui n’auront pas l’occasion de se rendre dans les quelques villages montagnards isolés conservés comme Shirakawa-Go ou Gokayama. Nous avons également apprécié les bains de pied dissimulés dans la ville, insolites et revigorant après une journée à crapahuter.
Enfin, comment pouvons-nous ne pas parler de la spécialité culinaire qu’est le bœuf Hida. Moins connu que le bœuf de Kobe, le bœuf Hida est l’une des meilleures viandes du Japon. Elle est reconnaissable par sa couleur rose pâle striée de blanc et son gout inimitable.
La région de Takayama est une halte agréable et permet d’appréhender le Japon hors de ses mégavilles. Cet aperçu de l’arrière pays japonais, nous a donné envie d’en voir plus et de découvrir le Japon des campagnes lors d’une prochaine visite de ce pays.
2 Commentaires
Je ne suis pas allé à Takayama lors de mon séjour cet été au Japon mais des amis me l’ont recommandé. Je ne suis pas resté très longtemps pour y passer.
En dehors du festival, la ville est également assez intéressante. Ce n’est pas la vrai campagne japonaise mais ça permet d’avoir un aperçu rapide du Japon traditionnel et de son architecture ancestrale.